Aujourd’hui, le programme,
c’est réunion routinière à Lomé, pour une mise en commun de l’avancement de la
prochaine formation. Comme d’habitude, la circulation dans Lomé n’est pas des
plus confortable. Fenêtres fermées, tu dégoulines sous une lourde
chaleur ; fenêtres ouvertes, tu étouffes par manque d’air pur.
La voiture
slalome tranquillement entre camions, motos, vendeurs ambulants et enfants. Je
suis tranquille, Antoine s’en sort très bien, affichant une sérénité que je
sais n’être qu’apparente. Avant tout, il doit éviter tout freinage brutal. Par
avance, on sait que le contrôle technique du véhicule de derrière est
inexistant. Les freins sont donc changés quand le conducteur a suffisamment de
moyens financiers.
Ainsi, un feu vert passant
au orange avance doucement vers nous. Sous une pluie de klaxonnes mécontents,
Antoine ralenti calmement et s’arrête … deux
mètres après le feu rouge. Les klaxonnes, eux, déferlent de droite et de
gauche ! « Mais qu’est-ce que c’est que ce Yovoh qui s’arrête aux
feux rouges ? »
C’est alors qu’en plein
milieu de ce carrefour, s’avance la chemise bleue d’un sauveur. A haute voix,
je pense : « Ouf, un
policier ! Il va certainement nous aider et nous indiquer quand
redémarrer !
-
Vous
n’avez pas respecter le feux rouge ! Présentez-moi vos papiers !
-
Ha ?
Et tous ceux qui passent malgré le feu rouge ? répond Antoine interloqué.
-
Présentez-moi
vos papiers. Merci. Maintenant, les papiers du véhicule. Merci. Je reviens.
Attendez-moi là. » réplique-t-il en enfourchant sa bécane !
Scotchés dans le fond de
nos sièges, médusés par l’aplomb de cet homme, nous nous regardons et nous
demandons si nous devons rire ou pleurer.
Récapitulons :
Surtout, rester dans l’habitacle car étant donné la circulation, nous y sommes
plus en sécurité. Nous n’avons plus les documents de la voiture et Antoine n’a
plus de papiers. Ca, c’est malin.
Bon, hé bien
attendons ! … Nous n’avons plus que ça à faire !
Un petit roupillon plus
tard, la sieste est subitement interrompue par un coup de téléphone. C’est le
Dr Kpegba, qui s’inquiète de notre retard au rendez-vous : « Nous y
sommes presque, Prosper, mais un policier nous a arrêté et j’attends mes
papiers. Ha, le voilà qui revient. Oui, je te le passe. »
Visiblement, l’homme en
prend pour son grade. Nous observons le casque hocher de la tête, émettant des
petits sons de soumission. Le vent a l’air de tourner en notre faveur. Muets,
nous observons, des sourires émergeants aux coins de nos lèvres.
Penaud, l’homme rend le
téléphone et l’ensemble des papiers : « Vous travaillez pour
l’EEPT (Eglise Evangélique Presbytérienne du Togo), vous pouvez y aller. »
Ouf ! Antoine ne
demande pas son reste et démarre prestement, le sourire du vainqueur au milieu
de la tête! C’est incroyable comment le pouvoir passe d’une main à l’autre!
EPILOGUE :
Une heure plus tard et une
réunion de plus à notre actif, nous repassons, en sens contraire. Aïe ! Au
loin, nous apercevons le même policier, debout, à l’entrée du carrefour. Au
milieu de la cacophonie, nous nous rapprochons. Et justement, le feu qui va
passer au rouge !
Aïe, aïe, aïe ! Lui
aussi nous a reconnu.
Et là, dans un geste
ininterrompu, il se met à tourner de plus en plus vite son avant-bras, nous
faisant signe de passer notre chemin, de ne surtout pas nous arrêter, … Parce
qu’ici, décidément non, on ne s’arrête pas aux feux rouges !
Qui ose encore dire qu’on
s’ennuie au Togo ?
Pour radio Togo
Cloclo
Cloclo
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