jeudi 28 février 2019

Mt Agou


Fabien fait une pause ! Il est venu nous dire bonjour depuis la Suisse et c’est son premier contact avec le continent africain.

C’est donc l’occasion d’aller se balader sur la plus haute montagne du Togo, qui culmine à 987m :le Mont Agou.

Après une dizaine de kilomètres en voiture, nous commençons par négocier notre droit d’entrée sur le site avant de poursuivre à pieds.
« Fabien….toutes les journées commencent par une négociation ! »



Il nous faudra environ 700 m de dénivellation pour atteindre le sommet.
La matinée est nuageuse et c'est très bien comme ça. Le soleil fera son travail un peu plus tard.
Durant la montée, nous traversons de nombreux villages accrochés à la montagne. Fabien me fait remarquer qu’ils sont bien entretenus.

« C’est vrai et regarde…il y a aussi de l’eau, de l’électricité et des toilettes sèches ».

Une grande partie de la montagne est cultivée: des bananes, des avocats, des oranges, de la canne à sucre, du bambou, des palmiers, plus les milliers d'arbres que je ne reconnais pas.


Souvent, nous croisons des femmes, portant d'énormes bassines emplies de fruits, posées sur la tête. Lorsque nous passons devant les écoles, les enfants interrompent leur travail et viennent nous dire bonjour.



A l'ombre de cette végétation, on se sent vraiment bien. On transpire tellement que cela doit aider les bananiers à pousser !

Nous arrivons dans le dernier village. Avec un peu d’imagination, on se croirait à Vercorin 😉 Un village accroché à la montagne et dominant la plaine africaine.


Nous sommes trempés de sueur, mais je ne sais par quel miracle nous trouvons un « Youki » (limonade sucrée en bouteille) qui nous fait évidemment le plus grand bien.

Plus haut, le sommet (planté d'antennes de télécommunication) nous attend. Mais la végétation est tellement haute que la vue nous est masquée.
En fouinant un peu, je découvre l’ancien décollage de parapente. L’herbe et les arbres ont tellement poussé qu’il n’est pas praticable…. Sauf si tu passes quelques jours au « coupe-coupe » et que tu es près à recommencer chaque mois.


Pour découverte Togo
Tonio

jeudi 21 février 2019

Jouer et jouer !!



Papa… C'est quoi le blog ? Pourquoi je dois faire le blog avec toi ? Je veux jouer moi !

« Ce que j'aime faire, c'est construire des armes en bambou. Tu pourras m'aider à faire un arc ?


- J'aime aussi la piscine chez Amédzépé, il y a des jeux et on peut manger des brochettes avec des frites.
- Tu sais….maintenant je sais nager, mais seulement la brasse coulée !

- J'aime bien voler avec toi, papa, mais j’ai volé qu’une seule fois au Togo ! C'est toujours mes sœurs !


- À l'école, mes copains s'appellent Prince, Épiphane (on l’appelle Pipi) et Christophe. Avec eux, on joue à se lancer des craies dessus. 
- L'école, c'est vraiment nul, quand la maîtresse n’est pas là on parle, mais quand elle revient elle tape... moi, je regarde pas !

- Quoi… dire quelque chose sur les parents ? heee … on ne peut pas dire que tu es parfait et maman est souvent vénère (énervée), elle veut rentrer et papa veut rester… Moi je m'en fiche !


- Quand on mange du foufou, c'est trop cool, on peut manger avec les doigts. La meilleure sauce, c’est celle à l'arachide.

- Si j'avais une baguette magique et trois coups à disposition ? 
Le premier coup, ça serait pour faire mon anniversaire tous les jours.
Le deuxième pour que papa et maman arrêtent de se disputer. 
Le troisième…je ferais des jeux pour tous les autres enfants.


 - Je peux aller jouer maintenant ?

Pour radio Togo
Zacharie, 6ans (7ans la semaine prochaine)

jeudi 14 février 2019

Futur journaliste


Maïwenn, cette semaine, c'est à toi de parler sur le blog.

« Moi… mais, je ne sais pas quoi dire ? 

- Et bien, tu n'as qu'à parler de ce que tu aimes, de ce que tu n’aimes pas ou d'une journée type.

- Je trouve que les togolais sont très accueillants, ils disent toujours : bonjour, bonne arrivée ! Bienvenue ! Comment ça va ?
L'école, j’aime bien. Au moins, il y a quelque chose à faire, ça m'occupe.
Je trouve qu'il y a une bonne ambiance, mais je déteste voir les coups. Quand ça arrive, je baisse les yeux et je regarde par terre. 
Entre les élèves, il y a beaucoup d'agressivité verbale, je ne comprends pas toujours pourquoi. Une de mes camarades me prend vraiment le chou.



-T’es-tu fait des amis à l’école ?

-Je me suis fait un ami, il s'appelle Daniel et il est suisso-togolais. Son papa est togolais et sa maman suisse. Daniel a toujours vécu en Suisse, mais depuis 2 ans, sa famille est revenue au Togo. On se comprend donc très bien ! 

J'aime bien m'occuper d'Iméla, elle est trop chou avec ses couettes.



Ici, il fait très chaud, mais quand on sort de l'école et qu’il pleut, c’est trop rigolo : ça fait des rivières.
L'après-midi, je ne vais pas à l'école, car je travaille mes cours par correspondance (CNED). Je trouve ça long et ennuyeux. Et mon papa me casse les pieds à être toujours sur mon dos.

-Explique qui est venu cette semaine.

-Trop cool, ma tante et mes cousines sont venues nous voir. Elles ont amené du Nutella et ça fait bouillir mon père.
Elles viennent me chercher à la sortie de l’école et on fait des activités tous ensembles. Nous sommes allés voir la vallée des chauves-souris et une cascade.




Sur la Slackline (sangle plate) qui est toujours tendue devant la maison, j'arrive bientôt à faire toute la traversée. Je suis trop fière !

Ma maman m'énerve un peu, car elle a toujours peur ! Moi, j'ai envie de continuer cette aventure, car je sens que c'est un peu unique de faire ça ! 


Dans quelques semaines, je vais aller à la capitale (Lomé), car nous avons rencontré un couple de Français qui ont des enfants du même âge et je vais passer quelques jours toute seule avec eux, ça va être trop bien.

Mon papa m'a promis de faire un bricolage toute seule avec lui.
Je veux faire une pile à pommes-de-terre.
Comme il ne me croyait pas, il a regardé sur internet et c’est moi qui avais raison !
C'est trop cool, on va pouvoir brancher une ampoule sur les patates et faire de la lumière »

Pour radio Togo
Maïwenn

jeudi 7 février 2019

Apprends ! Si non ...


Vas-y, Enora, la parole est à toi !
Raconte-nous une journée type, une journée normale quoi !

-          Je ne sais pas, papa, tu m’énerves avec ton blog. Disons que voilà :
5h30, le réveille sonne, j’ai mis une musique cool, ensuite je me traîne jusqu’au déjeuner. Là, Georgette a déjà mis toute la table et en général c’est toi qui me rejoins.
Ensuite, il faut mettre l’uniforme pour l’école avec une jupe qui m’empêche de courir, car elle est trop serrée.
A l’école, on commence par une méditation (prière du matin) ainsi que la lecture d’un verset biblique. »

Enora a 12ans et fait sa scolarité au collège protestant de Kpalimé. Ce n’est pas un établissement public, la scolarité y est un peu plus chère, mais, l’avantage, c’est que les enfants se retrouvent uniquement à 50 par classe au lieu de 100, comme souvent. C’est un collège qui jouit d’une bonne réputation dans la ville et il se trouve à 10 min. à pied de notre maison.



-          Ensuit les cours commencent, on espère que le professeur sera absent !!! D’ailleurs ça arrive souvent.
Si c’est le cas, c’est le bazar, et quand le professeur se pointe, il demande : Major !! Les noms !!
Et là, le Major (le meilleur de la classe) doit dénoncer les copains-ines qui ont fait les fous. S’il refuse, le bâton sera pour lui !
Les copains-ines se font taper régulièrement, mais franchement ça ne marche pas !
Dès que le bruit monte, le bâton arrive. Il tape sur la paume de la main ou sur les fesses. Souvent, des enfants pleurent.
S’il refuse ce foutu bâton, ce sont 4 coups de plus.
Comme je suis la seule blanche, je ne reçois pas des coups. Ça m’énerve, car je ne peux pas être comme eux ! Parfois j’ai envie de me faire taper. »

Que faire en tant que parents ? Comment réagir ? Jusqu’où va l’intégration ?
Dans les classes, certains enfants ont des parcours difficiles. Les parents ne peuvent pas toujours les suivre, certain n’ont pas suffisamment à manger, d’autre devront travailler après l’école et d’autre encore seront mis dehors car ils n’arrivent plus à payer.

-          Dans mon école, il y a un classement. Tout le monde peut le voir car il est affiché. Parfois, j’ai mal au cœur pour les derniers. Quand ils ne savent pas leurs leçons, ils se font rabaisser et frapper.
A 11h30, je rentre et je loupe les cours de l’après midi car je dois faire le programme par correspondance français. (CNED). Je travaille beaucoup. J’ai le droit de faire 2x 30 min par jour sur mon téléphone pour rester en contact avec les copines de Vercorin. Parfois, je fais plus et tu ne vois rien 
😉 »



L’idée était de mettre nos enfants à l’école togolaise le matin pour leur permettre de tisser des liens.
On désirait surtout qu’ils travaillent le CNED l’après-midi, dans le but de pouvoir raccrocher plus facilement le wagon scolaire Suisse.
Seulement, voilà, il y a ce fameux classement, le regard des autres, … Les enfants ne veulent surtout pas être à la traîne, ils ont besoin d’appartenance sociale.

Maïwenn et Zacharie vivent plus ou moins la même histoire, et voient aussi les coups. Quand cela arrive, Zacharie se bouche les oreilles et sort de la classe.
Une fois, il est même rentré en courant à la maison, car il y avait trop de bruit.
Maïwenn regarde par terre pour ne pas voir. 

Clotilde, la maman, aimerait bien que les enfants soient moins exposés à la violence en diminuant le temps d’école, mais Enora et Maïwenn, malgré les difficultés, refusent de louper une seule matinée !

Font-elles cela par loyauté envers nous ? Veulent-elles nous soutenir ? Nous protéger ?
Décidément, nos enfants n’ont pas fini de nous faire réfléchir, ils nous étonnent par leur adaptabilité, mais jusqu’où devons-nous aller ? Où est la limite ? 

Voilà nos préoccupations du moment.

Pour radio Togo
Tonio