jeudi 28 mars 2019

Religiosité


Ici, contrairement à l'Europe, nous sommes quotidiennement bercés par la religiosité, qui  tient une place de première importance.

L'Evangile a laissé des écrits partout:sur les devantures, les t-shirts, l'arrière des voitures, à la station-service, dans l'école!





Les citations bibliques nous sont envoyées sur nos téléphones, apparaissent sur les bureaux des ordinateurs, ...
La journée de travail commence et se termine toujours par la prière.





En 2015 les autorités togolaises ont reçu 12’000 demandes pour des ouvertures de lieux de culte chrétien;pour une population de 6,5 millions d'habitants !

Dans cette prolifération d'églises, il est difficile d'y voir clair. Les autorités togolaises veulent réglementer le secteur. En effet, il y règne une certaine anarchie, voire certains dérapages:

Eglise Evangélique,
Eglise Baptiste,
Église des assemblées de Dieu,
Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours,
Église du Christianisme Céleste,
Église la Main Puissante de Dieu,
Mission Evangélique Dieu est Capable,
Etc...
35 % de la population est chrétienne, 50% animiste et 15% musulmane.


Carte montrant l'importance relative de la religion par pays. Basée sur une enquête mondiale 2015 par l'institut "The Gallup Organization"


C'est dans ce contexte délicat que DM-échange et mission et l’EEPT (Eglise Evangélique Presbytérienne du Togo), avec l'aide de Clotilde, organisent durant 4 jours une formation-atelier pour les aumôniers hospitaliers, très présents dans les centres de santé.



Pour ma part, n’étant ni pasteur, ni soignant, j’ai compris que l'aumônier est l'une des personnes ressources quand nous sommes dans la maladie ou que nous touchons à la fin de notre vie.
L’aumônier fait partie intégrante de l'équipe hospitalière. Dans les moments difficiles, il a un pouvoir d’écoute active. Le malade peut le mobiliser afin de mieux accepter sa condition humaine et retrouver un certain apaisement spirituel.


Pour cette formation ayant pour thème : "Ecouter - Accompagner - Libérer", Florence Foehr est venue tout droit du HUG (Hôpital Universitaire de Genève) pour faire part de son expérience d’aumônière en Suisse.
Des formateurs togolais se sont joints à elle. 

L’énorme différence de culture a amené des échanges très riches.

« Malgré nos différences, nous avons le même cerveau, le même corps et les mêmes émotions » dit Florence.

La coordinatrice, le responsable de la solidarité chrétienne et Florence.

Mes chefs ! Surtout celle avec la jupe violette.

Clotilde est la coordinatrice de ce centre de formation et elle n’a pas chômé : vérifier que les formateurs soient là, que les participants soient contents, que le contenu des exposés soit ciblé, que le matériel soit à disposition, faire découvrir à Florence les réalités du terrain, etc…
Elle s’en est bien sortie ! Bravo !!

Les participants ont même eu droit à son intervention sur le thème des émotions.  

Il est difficile de vous raconter le contenu de ces 4 jours, mais si je devais le résumer en une phrase je dirais cela :
il n’y a aucune certitude, aucune vérité, mais juste des différences et un besoin vital de spirituel !

Amen 
😉

Pour Eglise Togo
Tonio

jeudi 21 mars 2019

Le grand méchant loup.


En Europe, elle est devenue la bête noire.
Plus personne n'en veut, elle est à bannir de notre alimentation.

En Indonésie et en Malaisie, des forêts entières sont abattues, mettant leurs habitants en danger.
Comme de nombreux produits que nous consommons de façon exagérée, elle peut provoquer plein de truc, dont le cancer.

Je veux tout simplement parler du grand méchant loup : « L'huile de palme ! »

Nous marchons en pleine brousse, derrière Innocent, notre chauffeur et guide improvisé. Nous désirons voir son champ situé à 3 km. Faire chauffeur ne lui suffit pas, il est obligé de cultiver sa terre pour nourrir sa famille : manioc, igname, ananas, palmiers, etc....

Et si le palmier à huile était une plante formidable ?

Ici, jamais je n'ai vu de grand champ avec une culture unique. Tout reste petit et à taille humaine.

Le palmier produit des fruits toute l'année. Après la récolte, on broie les fruits avec les pieds pour séparer la pulpe du noyau.

Innocent en pleine récolte

Le fruit pour faire la fameuse huile

La pulpe donnera l'huile de palme rouge, utilisée dans l’alimentation. Et le noyau, l’huile de palmiste plutôt verte. Cette dernière peut être consommée ou utilisée en cosmétique (savon notamment).

Photo piquée sur le net. La pulpe et le noyau


Tout est exploité dans le palmier. Je m’explique :
-Les feuilles de palmier tressées sont utilisées pour faire un toit ou plus léger pour faire de l’ombre.
-Si on ne garde que la tige, on les transforme en baguette ce qui permet de faire des claies qui serviront à faire des clôtures.

Pour faire des claies

-La nervure de la feuille et utilisée pour confectionner un balet que nous utilisons tous les jours.
-Ont peut les tresser et en faire des paniers.
-Quand le palmier est devenu trop haut pour récolter les fruits, on l'abat et on commence à récolter la sève en faisant une petite cavité dans son tronc. Cette sève fermente toute seule et c'est ce que l'on appelle le vin de palme. On en trouve partout.

Vin de palme mais pas pour vous !


-On peut aussi distiller ce vin pour en faire du Sodabi (attention ! Les 60-70 degrés d’alcool ne sont pas loin).

La distillerie 

- Innocent ! Il parait que l’on détruit la forêt pour planter des palmiers à huile ?
Il me regarde et me dit tout simplement : 
- Chaque fois que tu veux cultiver, tu dois enlever de la végétation. Même en Europe, non ? Comment tu fais pour le blé ?

Ces hommes et ces femmes, et ils sont nombreux, transforment leur huile eux-mêmes et de manière artisanale, avec un déplacement de la matière première sur 3 km !!!

Donc ici, nous consommons de l'huile de palme avec modération mais sans aucun scrupule (sauce et friture).

Rien n'est blanc, rien n’est noir ! Vive le gris et le Sodabi !

Pour radio Togo
Tonio

jeudi 14 mars 2019

Enfin découverte


Voilà des mois que je questionne, cherche, que j’étudie la carte sur mon smartphone.
Un jour, après avoir discuté avec un guide, j’ai même fait 10 km à pied en plein soleil, persuadé de la trouver.
Aujourd’hui, avec Zacharie et Enora sur une moto 3 places certifiées 😉 nous l’avons enfin trouvée.
Nous devons être, d'ailleurs,  les seuls Yovo à connaître l'endroit !



Je veux parler de la décharge, du dépotoir. De l’endroit où nos déchets finissent leur vie. De ce lieu qui n’intéresse personne mais que tout le monde utilise.


Normalement, en début de semaine, une mobylette à trois roues vient chercher nos déchets.
Nous n’avons pas de sacs poubelle et c’est dans des cartons que nous les mettons. De ce fait, les éboueurs ont vite fait de repérer ce qui est intéressant: bouteilles en pet, bocaux de confiture, etc…
Rapidement ils les mettent de côté, car une bouteille en pet se vend 100 FCFA au marché.
Un jour, j’avais mis une revue dans un de ces cartons. L'un des hommes l'a de suite repérée pour la feuilleter.
J’ai appris : on ne jette jamais un magazine; on le donne !
La décharge m’a impressionné, car je m’attendais  à une montagne de détritus, beaucoup plus grande, plus sale, plus immonde.
Bon….je n’ai certainement pas tout vu. Il doit y en avoir d’autres!


Nous avons vu beaucoup de plastiques mais tout le reste semble être réutilisé.
Ici, il me semble que l’on récupère beaucoup et que l’on jette très peu.
On ne le fait pas par écologie, car le pays a d’autres urgences, mais par besoin et nécessité.
Les gens n’ont pas grand chose, alors on ramasse !



Il faut savoir que si l’on compare 180 pays avec l’indice de liberté économique, le Togo se trouve à la 168ème place. En comparaison, la Suisse se trouve au 4ème rang !


https://fr.wikipedia.org/wiki/Indice_de_liberté_économique

Souvent, en ville, nous marchons dans les plastiques et les déchets. Des paroles dites sans réfléchir et trop rapidement, sortent alors de notre bouche:
« Regarde toute cette pollution, c’est terrible ! »

Ne l’oublions pas, malgré le plastique et tous les déchets visibles, le Togo reste un des pays à la plus faible empreinte écologique !


https://www.rts.ch/info/suisse/7250250-la-suisse-dans-le-top-20-des-pays-a-plus-forte-empreinte-ecologique.html



Pour radio Togo
Tonio qui se décharge !

jeudi 7 mars 2019

La bidouille


Fabien, un voisin de Vercorin, est venu nous dire bonjour.
Aujourd'hui, je l'emmène en balade.

« Antoine ! C'est moi qui conduis !
- Ok, comme tu veux »

Nous voilà donc partis avec une voiture que l'on nous a gracieusement mise à disposition.

Nous montons sur les plateaux qui dominent la plaine. Au bout de 45 minutes et sans prévenir, nous entendons une grand « Boum » et une fumée sort du capot.
Fabien jette la voiture au bord du chemin et coupe tout de suite le contact.
Tous les deux nous sautons dehors pour regarder dans le moteur.


« Merde le radiateur est pété et le par-choc est tombé !
-Aaaaoooo... et on peut rouler combien de temps sans radiateur ?
-2 min. ensuite c'est mort !
-Oups ! 
-Tiens, voilà la pièce qui a sauté !»

J'éclate de rire...cette fois nous sommes dans le jus.
Sur un petit chemin, à peine carrossable et à 10 minutes d'une route de montagne. Comment faire pour sortir la voiture de là ?


« Regarde Fabien, j'ai mis un sac d'outils dans la voiture ce matin.
-Ok, admettons qu'on arrive à réparer... Comment fait-on pour remettre de l'eau dans ce fichu radiateur ?
-Facile, j'ai mon parapente et nous sommes à 10 minutes de marche du décollage. Çe sera simple de trouver de l’eau dans la plaine. »



La réparation commence :
Colle ultra forte, scotch américain, ficelle et couteau suisse !
J’ai les outils et Fabien la connaissance. Equipe gagnante !



Maintenant, départ pour un petit vol, afin de trouver de l'eau.
Une fois posés, on se marre toujours et partons à la recherche de deux Zem (taxi-moto) qui pourront nous trouver un bidon rempli de 20 litres du précieux liquide.


Chacun sur un Zem, nous remontons sur le lieu de l'explosion.
Fabien transporte l'eau et moi le parapente.

Une fois le radiateur rempli nous croisons les doigts, la clef de contact tourne et nos yeux sont rivés sur la jauge de température.
On roule et régulièrement nous rajoutons de l'eau. Au bout de 30 km nous voilà de retour à la maison. Nous ne savons toujours pas comment notre bidouille a tenu le coup ?
 
Moralité : un parapente peut toujours servir !!

Expérience Togo
Tonio