mercredi 9 octobre 2019

C'est fini.


Voilà c’est fini. Notre séjour d’une année au Togo se termine demain.
Nous allons rejoindre nos enfants. Pour ma part la séparation aura duré plus de 3 mois et je me réjouis de les tenir dans mes bras.
Durant cette aventure, ils auront fait 4 rentrées scolaires !
Une rentrée de quelques semaines en Suisse, une au Togo, une autre en France et rebelote pour la Suisse. Pffff…… heureusement que mes parents étaient plus cools avec moi !

Un copain me demandait avec quoi je rentrerais en Suisse ? Qu’est-ce que l’Afrique m’aura apporté ?
C’est trop tôt pour répondre à ces questions, trop tôt pour faire le bilan.
Il y a eu tellement de nouvelles choses que je ne peux pas y répondre.
Disons que je repars avec deux objets : une bassine en aluminium et un coupe-coupe.



La bassine se promène toute la journée sur la tête des femmes. Elle peut être légère ou très lourde selon les jours et les tâches qu’on lui demande. On peut y mettre tout ce que l’on veut, il n’y a pratiquement pas de limite. Toujours elle avance, lentement, sans broncher et ce, malgré le contenu. Jamais je n’en ai vu une se renverser!
Dans la mienne, pour l’instant, il y a un tas de bazar. Des choses lourdes : la pauvreté, la hiérarchie, la corruption, les maladies, l’éducation. Des choses plus légères : des sourires, des accueils, des rires, des « ça va aller », des rencontres, des couleurs.
Comme toutes les bassines, la mienne devra avancer, son contenu et son poids variant selon les jours.


Le coupe-coupe, outil quotidien, indispensable et d’une polyvalence exemplaire.
Il taille le passage dans la brousse, coupe du bois pour le feu, abat des arbres, coupe l’herbe, plante le maïs, déterre l’igname, ouvre les noix de coco et prépare le décollage pour le vol en parapente.
Il rend d’innombrables services, mais attention !! Cet outil fait également beaucoup de dégâts. Si tu as la tête ailleurs, si tes pensées ne sont pas dans le geste présent…...c’est l’accident à coup sûr!

Voilà, je repartirai donc avec une grande bassine remplie d’expériences et un coupe-coupe qui sera un outil supplémentaire !
Depuis mon arrivée sur cette terre, cette année togolaise sera sans aucun doute l’année qui m’aura appris le plus de choses.



Radio Togo va donc arrêter sa diffusion
A tout bientôt
Tonio

vendredi 4 octobre 2019

Tata


Bon bon, je vais être clair. Notre départ est prévu dans une semaine et entre les « au-revoir », les rapports de fin de mission, les bagages à faire, les choses à vendre, et les rendez-vous de dernière minute, nous ne sommes pas au chômage !
Je viens de me rendre compte que nous sommes jeudi et qu’il y a le blog à faire !! Purée purée….



Parlons peu, mais parlons quand même de notre expédition dans le nord du Togo à la frontière du Bénin.
Cette virée chez le peuple Batammaribas, vrais architectes de la terre et originaires du Burkina Faso.
Leurs maisons (les Tatas) sont tellement spécifiques qu’elles sont classées au patrimoine mondiale de l’UNESCO. Nous irons les voir avant notre départ.



Nous sommes juste juste en zone orange, Clotilde et sa sœur Marie-Alice (en visite) ne le savent pas. J’ai préféré leur raconter un petit « bobard ». Chuuuut...
A l’entrée du site, il faut évidement négocier, mais je commence à les connaître mes amis togolais ! Nous devons embarquer le guide dans notre voiture et surtout se faire escorter par l’armée togolaise.
Deux militaires armés, chevauchant une moto, nous ouvrent le passage. 






Sur les 20 km de pistes, nous avons le temps de prendre la température avec notre guide, qui est d’ailleurs très compétent, et d’apprendre à faire la différence entre un plan de maïs et de sorgho.
Nous apprenons aussi que ce paysage, où la brousse et absente, est tout simplement dû aux immenses feux de brousse allumés chaque année.
Ces « Tatas» sont construites près des baobabs. Certains datent du 18ème siècle. Nous sommes à nouveau hors du temps. Loin des banques, d’internet et des marchés financiers.



Nous visitons une des maisons : en bas se trouve les animaux et quelques fétiches, l’étage plus haut, c’est une cuisine très rustique et sur la terrasse se trouve le grenier et les chambres.
Le tourisme vient d’arriver et les effets se font ressentir. Nous nous faisons littéralement envahir par les enfants. Les villageois nous suivent pour mendier. A la fin cela devient presque agressif.
On me conseille de payer les militaires, mais bon….ce n’est pas une kalachnikov qui va nous impressionner…..ou bien ?



Vive les baobabs !

Pour radio Togo
Tonio

jeudi 26 septembre 2019

un petit verre .....


Nous re-voilà sur la route de Kativou. Cette fois-ci, nous sommes accompagnés de Marie-Alice, une des sœurs de Clotilde. Après 2 ans au Sénégal et 1 année aux Iles du Cap Vert, c’est une habituée de l’Afrique.


A Kativou, dans ce centre de santé situé au bout du monde, une formation est donnée: « Accueil et relation soignant-soigné »
Étant médecin, Marie-Alice y fera des apports en s’attardant plus précisément sur la construction et les attentes des diverses relations humaines.

Seulement voilà, la saison des pluies est passée. La route s’est transformée. Ce sont maintenant des milliers de trous et de bosses qui nous séparent de Kativou. Notre véhicule n’est plus tout jeune et nous allons mettre 5 heures au lieu de 3, pour y arriver.
Nous sommes lessivés. Mais comme d’habitude, nous sommes très bien accueillis à Kativou.



l'installation photovoltaïque est presque terminée

L’installation photovoltaïque de ce centre de santé devrait être terminée et l’électricité ne devrait plus être un problème …
Sauf que les batteries sont coincées à la douane. Eh oui, coincées ! Cela peut durer plusieurs jours, voire plusieurs…… En effet, sortir du matériel du port de Lomé est un vrai parcours du combattant, même pour des togolais débrouillards !
Nous avons donc dans nos valises un groupe électrogène de dépannage pour que les formations puissent avoir lieu.



Deux frangines en admiration devant un champs d'arachide


Durant ces trois jours dans la région du Moyen Mono, le moment fort à été lorsque nous nous sommes éclipsés durant la pause de midi, pour rejoindre à pieds un village que nous avons déjà visité.
Cette fois-ci, nous avons rendez-vous avec le féticheur du village, pour lui dire bonjour.
C’est toujours impressionnant de voir ces différences de culture. Nous reconnaissons tout de suite sa jeune femme et son large sourire.





Rapidement, un banc est mis à notre disposition. Après quelques échanges, voilà que par plus de 30 degrés de température une bouteille de rhum arrive !
Aï, aï, aï….il faut boire se grand verre « cul sec » pour ne pas faire affront à cette hospitalité.
Je pensais pouvoir compter sur les deux frangines pour m’aider mais non…..il a fallu se débrouiller tout seul ;-)


Pour radio Togo
Hic...Tonio

jeudi 19 septembre 2019

Tramadol



Certainement que tu as entendu parlé de la crise des opioïdes au Etat-Unis. Ce fléau rode et tue dans toutes les couches sociales.


https://youtu.be/Kp6Y5rMhuVQ

La RTS en parlait il y a peu, nous sommes donc en pleine actualité.
Je ne suis pas aux USA, mais bien à Kpalimé, au Togo, à 2h de route de la capitale Lomé.
Ici, c’est le Tramadol qui est un gros problème. Cet antalgique, opioïde de synthèse, se trouve partout et pas seulement dans les pharmacies. On le trouve surtout dans la rue. Et son effet addictif est une véritable catastrophe.
C’est la cocaïne du pauvre! Avec 200 FCFA (0,33 CHF) vous pouvez déjà vous en procurer.

https://www.rts.ch/info/monde/10711913-purdue-pharma-tente-la-faillite-pour-sortir-de-la-crise-sur-les-opiaces.html


https://youtu.be/3kauxhHgP_4


Les Zemidjans (taxi-moto) en consomment beaucoup. Mais on en retrouve aussi chez les personnes qui font un travail pénible comme la culture des champs.Les écoliers et les jeunes ne sont malheureusement pas épargnés.De plus, les pilules sont surdosées; ce qui crée rapidement des overdoses.
Voilà ce que j’ai trouvé sur le net, mais je n’ai évidement pas pu vérifier :

« Le Nigeria a saisi 6,4 milliards de cachets de tramadol rien qu’en 2018. La cargaison est déchargée dans les ports de l’Afrique de l’Ouest et transportée dans toute la région. D’après l’ONUDC, l’Afrique du Nord, l’Afrique Centrale et l’Afrique de l’Ouest représentent 87 % des saisies des opiacés réalisées dans le monde, un chiffre qui est presque entièrement dû au trafic de tramadol. » 

Pour radio Togo
Tonio


jeudi 12 septembre 2019

Visites


Nous sommes le 12 septembre. Dans un mois, notre expérience africaine prendra fin et des tas de questions se posent déjà.
Je me réjouis, mais j’ai également peur.
Peur de retrouver cette vie à 200 km/h, alors qu’en même temps je râle de n’avoir pas grand-chose à faire ici !



Peur de quitter les quelques personnes que j’ai connues ici. Je pense à cet homme qui m’a accompagné dans l’inconnu et qui se dévoile peu à peu. A force de travailler et de transpirer avec lui, sa carapace s’ouvre et je ne sais pas si je le reverrai un jour.
Comment vais-je pouvoir expliquer le sens de cette expérience, les tempêtes traversées, les contradictions, les séparations, les sourires, les bons moments ?



Durant cette année, de nombreuses visites se sont succédées avec différents motifs. Elles ont toujours été de bons moments. Mais quand mon fils, après 9 mois de séparation, a débarqué à l’aéroport de Lomé avec son grand père, …… Ce sont des moments qui ne s’expliquent pas, ils se vivent, c’est tout.



De grand-père en père et de père en fils et filles nous nous sommes baladés dans la brousse, cette brousse tellement luxuriante que par moment, elle nous absorbait. Nous avons longtemps marché et transpiré avant de découvrir des villages perdus.
Se retrouver, après tout ce temps, suspendu avec son fils à un parapente au milieu du Togo : des moments qui ne s’oublient pas.

Merci à tous les deux pour cette belle visite !
Pour radio Togo
Tonio


jeudi 5 septembre 2019

C'est la fête


C’est parti !

Nous venons d’accepter la proposition d’Innocent, nous sommes invités à découvrir la fête de l’igname qui se déroule dans son village.
Nous sommes accompagnés de Marie et Aymeric, deux français accompagnés de leurs 4 garçons, qui passent quelques jours de vacances chez nous. Ce couple de volontaires loge dans le pays voisin, le Bénin, et s’occupent de la maison de l’artémisia.




Nous sommes bientôt intégrés, la preuve, nous avons au moins 2 heures de retard !
Quand nous arrivons, la fête est déjà bien avancée.
Dans ce genre de fête, il y a souvent beaucoup d’attente et celle-ci ne déloge pas à la règle.
Dès que l’on nous voit, hop ! On nous assied sur une chaise et c’est parti pour quelques heures. C’est comme ça 😉


Les chefs de quartier sont arrivés sur des chaises à porteurs. Ils sont ensuite placés sous les manguiers qui entourent la place des fêtes.



Comme c’est une fête traditionnelle, les discours des notables sont souvent en Ewe, la langue locale.
Des hommes qui hont revêtu leur parure et qui ont plutôt l’air peu commode sont là pour protéger l’assemblée. Ils marchent autour de la place de fête et ils sont plutôt impressionnants.


Régulièrement, il y a des chants et des danses.
Ensuite c’est la vente aux enchères des ignames et comme j’ai compris, ce sont surtout les notables qui misent. L’argent ainsi récolté servira au village.


Pour radio Togo
Tonio

jeudi 29 août 2019

Stop au feu rouge


Aujourd’hui, le programme, c’est réunion routinière à Lomé, pour une mise en commun de l’avancement de la prochaine formation. Comme d’habitude, la circulation dans Lomé n’est pas des plus confortable. Fenêtres fermées, tu dégoulines sous une lourde chaleur ; fenêtres ouvertes, tu étouffes par manque d’air pur. 

La voiture slalome tranquillement entre camions, motos, vendeurs ambulants et enfants. Je suis tranquille, Antoine s’en sort très bien, affichant une sérénité que je sais n’être qu’apparente. Avant tout, il doit éviter tout freinage brutal. Par avance, on sait que le contrôle technique du véhicule de derrière est inexistant. Les freins sont donc changés quand le conducteur a suffisamment de moyens financiers.

Ainsi, un feu vert passant au orange avance doucement vers nous. Sous une pluie de klaxonnes mécontents, Antoine ralenti calmement et s’arrête …  deux mètres après le feu rouge. Les klaxonnes, eux, déferlent de droite et de gauche ! « Mais qu’est-ce que c’est que ce Yovoh qui s’arrête aux feux rouges ? »
C’est alors qu’en plein milieu de ce carrefour, s’avance la chemise bleue d’un sauveur. A haute voix, je pense : « Ouf,  un policier ! Il va certainement nous aider et nous indiquer quand redémarrer ! 


-          Vous n’avez pas respecter le feux rouge ! Présentez-moi vos papiers !
-          Ha ? Et tous ceux qui passent malgré le feu rouge ? répond Antoine interloqué.
-          Présentez-moi vos papiers. Merci. Maintenant, les papiers du véhicule. Merci. Je reviens. Attendez-moi là. » réplique-t-il en enfourchant sa bécane !

Scotchés dans le fond de nos sièges, médusés par l’aplomb de cet homme, nous nous regardons et nous demandons si nous devons rire ou pleurer.
Récapitulons : Surtout, rester dans l’habitacle car étant donné la circulation, nous y sommes plus en sécurité. Nous n’avons plus les documents de la voiture et Antoine n’a plus de papiers. Ca, c’est malin.
Bon, hé bien attendons ! … Nous n’avons plus que ça à faire !

Un petit roupillon plus tard, la sieste est subitement interrompue par un coup de téléphone. C’est le Dr Kpegba, qui s’inquiète de notre retard au rendez-vous : « Nous y sommes presque, Prosper, mais un policier nous a arrêté et j’attends mes papiers. Ha, le voilà qui revient. Oui, je te le passe. »
Visiblement, l’homme en prend pour son grade. Nous observons le casque hocher de la tête, émettant des petits sons de soumission. Le vent a l’air de tourner en notre faveur. Muets, nous observons, des sourires émergeants aux coins de nos lèvres.
Penaud, l’homme rend le téléphone et l’ensemble des papiers : « Vous travaillez pour l’EEPT (Eglise Evangélique Presbytérienne du Togo), vous pouvez y aller. »
Ouf ! Antoine ne demande pas son reste et démarre prestement, le sourire du vainqueur au milieu de la tête! C’est incroyable comment le pouvoir passe d’une main à l’autre!


EPILOGUE :
Une heure plus tard et une réunion de plus à notre actif, nous repassons, en sens contraire. Aïe ! Au loin, nous apercevons le même policier, debout, à l’entrée du carrefour. Au milieu de la cacophonie, nous nous rapprochons. Et justement, le feu qui va passer au rouge !
Aïe, aïe, aïe ! Lui aussi nous a reconnu.

Et là, dans un geste ininterrompu, il se met à tourner de plus en plus vite son avant-bras, nous faisant signe de passer notre chemin, de ne surtout pas nous arrêter, … Parce qu’ici, décidément non, on ne s’arrête pas aux feux rouges !
Qui ose encore dire qu’on s’ennuie au Togo ?

Pour radio Togo
Cloclo







jeudi 22 août 2019

Mission Kativou


Nous voilà partis pour une « mission » dans le village de Kativou. Nous ne sommes pas des missionnaires, mais c’est le langage togolais.
Kativou est un centre de santé (CMS) soutenu par DM-échange et mission et qui se trouve perdu en brousse, à l’autre coin du Togo.

Clotilde avec Léa et Innocent

Nous avons plusieurs buts avec cette « mission » :
-S’entretenir avec l’aumônier, qui a reçu une formation au début d’année,
-Faire le suivi de la future installation photovoltaïque dont je suis le maître d’œuvre (hé,hé…j’ai pris du grade),
-Visiter un village qui a une manière simple, gratuite et efficace de faire des latrines. L’idée est de donner envie à d’autres de faire la même chose.


Malgré la distance qui nous sépare de Kativou, nous décidons de faire un détour par Lomé pour y ramener Léa, la sage-femme du CMS, qui a dû se déplacer à la grande ville. Nous « cheminerons » donc ensemble.
Après plusieurs heures de route, Léa s’écrie « AU REVOIR GOUDRON » et nous attaquons la piste, avec ses trous, ses bosses et ses sauts. Innocent, mon chauffeur-enseignant, fait de son mieux, car Léa est enceinte jusqu’aux oreilles. Il évite énormément de trous, mais on ne fait pas une autoroute avec de la terre ondulée et creusée par les eaux.

Une latrine

Sur place, nous sommes accueillis, comme souvent, sous l’arbre à palabres. Celui-ci est une sorte d’anacardier. Ça nous change des manguiers !
Comme il est malaisé de trouver de la nourriture pour les difficiles comme nous, cette fois, Clotilde a tout prévu. Nous sommes aussi équipés de frontales et d’une lampe solaire, car à partir de 17h, il n’y a plus d’électricité, la nouvelle installation photovoltaïque n’étant pas encore en service.
Ce n’est pas seulement le CMS qui manque d’électricité, mais aussi tous les villages voisins. C’est plus que rageant quand on voit une ligne électrique qui nous passe dessus pour alimenter le pays voisin, le Bénin, qui se trouve tout proche.

L’avantage, j’en ai quand même trouvé un, c’est que la pollution nocturne n’existe pas. La vue sur la voûte céleste est donc impeccable. Evidemment que cet avantage ne fera pas le beurre des populations.

Entrée femme et homme

Après une bonne nuit de sommeil, Léa et son futur bébé ont retrouvé la stabilité. Ouf !!

Nous voilà donc partis, à pied (moins de secousses), pour apprendre la fabrication de latrines. Innocent est particulièrement intéressé, car il veut en fabriquer pour sa famille.

Nous avons remarqué que partout des latrines sont offertes par l’ONG telle ou telle. Des latrines en brique, avec des portes et des trônes où l’on fait « caca » assis comme chez nous.
En gros, ces ONG montrent comment faire nos besoins à l’Européenne. Une fois que c’est terminé, elles y mettent une grande pancarte sur laquelle on voit : « L’ONG en question offre ces belles latrines au peuple togolais » !
Résultat, souvent, elles ne sont pas appropriées par la population et tombent à l’abandon.
Suffit de voir le soin que l’on a de nos toilettes publiques (qui ne nous appartiennent pas) par rapport à nos toilettes personnelles (qui elles, nous appartiennent).

La population a l’habitude, et c’est un sérieux problème, de déféquer en brousse.
Si les habitudes doivent évoluer, pour éviter les maladies, il faut que la population puisse s’approprier les choses, les idées. 

Explication du trou et des bois

C’est un peu comme si vous avez passé du temps à faire pousser des pommes de terre. Vous avez d’abord défriché, préparé la terre, planté, sarclé et enfin récolté. Vos pommes de terre sont précieuses, vous y avez passé du temps et quand vous les mangez, ce sont les meilleures, vous en êtes fiers !
Si un gros camion passe près de chez vous et vous jette un sac d’igname en vous disant que c’est bon pour vous, il y a peu de chance que vous vous l’appropriiez et ce n’est pas certain que vous allez manger tout ce qui se trouve dedans. Ça ne vous appartient pas !


Le principe paraît assez simple, il faut faire un trou de 2 m x 1,50 m et 2 m de profondeur. Ensuite le recouvrir de bois dur et de terre en y laissant juste un petit trou avec un couvercle.
Les papiers, ou autres feuilles pour s’essuyer doivent absolument être jetés dedans. On n’utilise pas d’eau, mais de la cendre. Ce sont des toilettes sèches.
A la sortie, il y a un système de bidon et de ficelle pour se laver les mains sans rien toucher.
Au bout de 2 à 3 ans, on refait un autre trou et le tour est joué !

Le système de lave-mains


Cela ne coûte rien, pas besoin de matériel spécifique, tout le monde peut le faire. Cela reste propre et hygiénique. Surtout, l’indépendance et la fierté de la population sont maintenues.
Clotilde à l’idée secrète de m’envoyer chez Innocent pour lui donner un coup de main à la fabrication de sa latrine.  Enfin…. C’est surtout moi qui vais apprendre à manipuler la houe et la machette !

Ensuite, si Innocent et les villageois trouvent cela pratique, ils auront un modèle et pourront parler entre eux pour la suite.

Pour radio Togo
Tonio

jeudi 15 août 2019

Trop ou trop peu ?


Et si chaque être humain essayait de trouver un équilibre ? Cette recherche de stabilité qui guide nos pensées et nos actes, et qui nous permet d’avancer en pensant être dans le juste. 

Lorsque nous prenons une décision, nous la prenons de façon à être le plus en accord possible avec notre histoire, notre éducation, nos valeurs.



Tout cela m’amène à dire que le fossé qui sépare la Suisse du Togo est tellement vertigineux qu’il est difficile pour nous d’y retrouver nos repères, nos jalons.
Pour y vivre, je pense qu’il faut complètement lâcher prise sur nos certitudes, admettre qu’il est difficile de vraiment comprendre.

Pour illustrer ce fossé prenons un exemple :
Lors d’une formation de 3 jours, une grand-maman arrive avec un petit sur le dos. Comme souvent, la grand-mère a la garde de son petit-fils et l’emmène donc partout.
« Mince, comment allons-nous faire ? Nous n’avons pas de jeux. Et la formation se déroule de 8h à 17h ! »

Clotilde s’organise et amène quelques menus jeux et livres. Quand le petit s’agite sur le dos de sa grand-mère, elle le pose à terre. Là, l’enfant peut rester des heures sans bouger, sans rien manifester. Il est là, il attend, dans le calme le plus total.
C’est mignon, il ne bouge pas, ne dérange personne et tout le monde peut travailler.  
Mais comment fait-on pour éduquer un enfant à ne pas bouger ? A accepter ces longues heures d’attente ? Et cela pendant 3 jours ? 


Réflexion

Ici, la hiérarchie est très très présente à tous les niveaux. Le cadre paraît clair et bien serré : un enfant ne bouge pas sous l’œil de sa grand-mère, un subalterne respecte son supérieur.

Et en Suisse ? Pour ma part, mes enfants ont la bougeotte : impossible de les faire tenir en place plus de 30 min. Nous nous sentons souvent obligés de les éveiller, de jouer avec eux, de les distraire. Dans notre société de consommations et de loisirs, nous culpabilisons presque de leur imposer des règles strictes, sans discussions préalables.

Les jeunes osent de plus en plus défier l’autorité. Et nous disons alors qu’ils s’affirment, qu’ils développent leur caractère. Le cadre est flexible et parfois même, il n’existe pas.

Certitude ?

Tous les jours nous sommes confrontés à ces deux extrêmes et à tous les niveaux. Cela entraîne une remise en question perpétuelle de nos certitudes qui s’effritent et deviennent beaucoup plus nuancées. C’est parfois tellement bouleversant que l’on ne comprend plus rien 😉

Nous débattons de beaucoup de sujets, qui nous paraissaient évidents : l’éducation, les soins, la spiritualité, l’aide humanitaire, le pouvoir, la finance. Tout vole en éclat. Comme toujours, certains morceaux sont obscurs mais d’autres sont lumineux.

Pour radio Togo
Tonio

mercredi 7 août 2019

Carburant

Avec les copains de Suisse venus me dire bonjour, nous roulons de Kpalimé vers Lomé!!! Comme d’habitude, à l’entrée de la ville, la circulation se fait de plus en plus dense. Nous slalomons entre les camions, les motos, les piétons et … les trous. Concentré à 200 %, je ne me rends plus compte de la pollution, des odeurs de diesel et d’essence ni du vacarme sonore.



Ne pas se fier aux apparences : ils ne sont ni sérieux ni bien élevés !

N’ayant pas le droit à l’erreur, je m’agrippe au volant, mes yeux donnant le maximum d’informations à mon cerveau qui essaye de les trier au mieux.

Voici les règles de base :
-          Quand il y a deux voies, les voitures roulent à gauche et les centaines de motos à droite frôlant les « p’tits » vendeurs au bord de la route et leurs clients : ce sont donc des voitures et des motos à l’arrêt. La droite, c’est l’angoisse !!
-          Quand il faut dépasser un camion qui enfume toute la chaussée, on le fait par la droite et au klaxon, c’est le moment « chaud bouillant. »
-          Pour les ronds-points, il faut les considérer comme un carrefour classique, priorité de droite donc. Mais…. Pas toujours !

Parfois, sans crier gare, un véhicule vient en sens inverse ! 
Garder la fluidité, pas de mouvement brusque, anticiper, pfffJe fatigue.
J’ai chaud, mes épaules sont tendues, mais les copains ont l’air relaxe. Ils rigolent, discutent et c’est très bien, ça m’aide à me détendre.

Nous roulons la fenêtre ouverte, car la clim ne marche pas. Les milliers de particules fines des moteurs mal réglés et du carburant frelaté et saturé de soufre donnent mal à la tête et à la gorge Au début de notre expérience togolaise, toute la famille a ressenti ce mal de gorge lié à la pollution dans la ville de Lomé.

Savez-vous que les négociants suisses inondent l’Afrique de carburants toxiques !?
Regarde les enquêtes de Public Eye par ici.


https://www.publiceye.ch/fr/coin-medias/communiques-de-presse/detail/les-negociants-suisses-inondent-lafrique-de-carburants-toxiques

Il y a aussi eu un « Temps présent » en 2016 qui parlait de ce problème.




Et si tu es à la bourre, regarde celui là


https://youtu.be/0Mg4aM88pJE


L'Afrique de l'Ouest, don le Togo, ont réagit en abaissant la teneur en soufre autorisé.Regarde ici.

https://www.publiceye.ch/fr/coin-medias/communiques-de-presse/detail/offensive-contre-les-carburants-toxiques-lafrique-de-louest-abaisse-jusqua-200-fois-la-teneur-en-soufre-autorisee

Sur le terrain, c'est une autre histoire !


 Carburant vendu sur les routes.

 La circulation s’espace peu à peu, et nous touchons bientôt au but alors, sans m’en rendre compte, je me détends. Mais ces heures de concentration m’ont épuisé et soudain ... « Attention au trou ! » 
Bing ! Trop tard, je n’ai rien vu et le pneu est fichu !
« Tu ne l'as pas vu ? Il était grand pourtant ?
- T’es un grand malin toi ! Je viens d’éviter 2000 trous et c’est maintenant que tu te manifestes !»





Cela nous fait sourire ; heureusement, nous avions de la marge et l’ambiance reste bon enfant. D’ailleurs avec Laurent aux photos, Dimitri au cric, Xavier à la roue de secours et moi aux boulons, on s’est plutôt bien marré.

La preuve par ici, avec un film relatant les belles choses du Togo !


https://www.facebook.com/laurent.borella/videos/10157408158416092/





Pour radio Togo
Tonio