jeudi 7 février 2019

Apprends ! Si non ...


Vas-y, Enora, la parole est à toi !
Raconte-nous une journée type, une journée normale quoi !

-          Je ne sais pas, papa, tu m’énerves avec ton blog. Disons que voilà :
5h30, le réveille sonne, j’ai mis une musique cool, ensuite je me traîne jusqu’au déjeuner. Là, Georgette a déjà mis toute la table et en général c’est toi qui me rejoins.
Ensuite, il faut mettre l’uniforme pour l’école avec une jupe qui m’empêche de courir, car elle est trop serrée.
A l’école, on commence par une méditation (prière du matin) ainsi que la lecture d’un verset biblique. »

Enora a 12ans et fait sa scolarité au collège protestant de Kpalimé. Ce n’est pas un établissement public, la scolarité y est un peu plus chère, mais, l’avantage, c’est que les enfants se retrouvent uniquement à 50 par classe au lieu de 100, comme souvent. C’est un collège qui jouit d’une bonne réputation dans la ville et il se trouve à 10 min. à pied de notre maison.



-          Ensuit les cours commencent, on espère que le professeur sera absent !!! D’ailleurs ça arrive souvent.
Si c’est le cas, c’est le bazar, et quand le professeur se pointe, il demande : Major !! Les noms !!
Et là, le Major (le meilleur de la classe) doit dénoncer les copains-ines qui ont fait les fous. S’il refuse, le bâton sera pour lui !
Les copains-ines se font taper régulièrement, mais franchement ça ne marche pas !
Dès que le bruit monte, le bâton arrive. Il tape sur la paume de la main ou sur les fesses. Souvent, des enfants pleurent.
S’il refuse ce foutu bâton, ce sont 4 coups de plus.
Comme je suis la seule blanche, je ne reçois pas des coups. Ça m’énerve, car je ne peux pas être comme eux ! Parfois j’ai envie de me faire taper. »

Que faire en tant que parents ? Comment réagir ? Jusqu’où va l’intégration ?
Dans les classes, certains enfants ont des parcours difficiles. Les parents ne peuvent pas toujours les suivre, certain n’ont pas suffisamment à manger, d’autre devront travailler après l’école et d’autre encore seront mis dehors car ils n’arrivent plus à payer.

-          Dans mon école, il y a un classement. Tout le monde peut le voir car il est affiché. Parfois, j’ai mal au cœur pour les derniers. Quand ils ne savent pas leurs leçons, ils se font rabaisser et frapper.
A 11h30, je rentre et je loupe les cours de l’après midi car je dois faire le programme par correspondance français. (CNED). Je travaille beaucoup. J’ai le droit de faire 2x 30 min par jour sur mon téléphone pour rester en contact avec les copines de Vercorin. Parfois, je fais plus et tu ne vois rien 
😉 »



L’idée était de mettre nos enfants à l’école togolaise le matin pour leur permettre de tisser des liens.
On désirait surtout qu’ils travaillent le CNED l’après-midi, dans le but de pouvoir raccrocher plus facilement le wagon scolaire Suisse.
Seulement, voilà, il y a ce fameux classement, le regard des autres, … Les enfants ne veulent surtout pas être à la traîne, ils ont besoin d’appartenance sociale.

Maïwenn et Zacharie vivent plus ou moins la même histoire, et voient aussi les coups. Quand cela arrive, Zacharie se bouche les oreilles et sort de la classe.
Une fois, il est même rentré en courant à la maison, car il y avait trop de bruit.
Maïwenn regarde par terre pour ne pas voir. 

Clotilde, la maman, aimerait bien que les enfants soient moins exposés à la violence en diminuant le temps d’école, mais Enora et Maïwenn, malgré les difficultés, refusent de louper une seule matinée !

Font-elles cela par loyauté envers nous ? Veulent-elles nous soutenir ? Nous protéger ?
Décidément, nos enfants n’ont pas fini de nous faire réfléchir, ils nous étonnent par leur adaptabilité, mais jusqu’où devons-nous aller ? Où est la limite ? 

Voilà nos préoccupations du moment.

Pour radio Togo
Tonio

2 commentaires:

  1. Un sacré courage ces gamin(e)s Lambert !!!

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  2. Jusqu'où va l'intégration ! Vos enfants sont extraordinairement forts et courageux. Prenez soin d'eux et de vous. Bises

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