jeudi 29 août 2019

Stop au feu rouge


Aujourd’hui, le programme, c’est réunion routinière à Lomé, pour une mise en commun de l’avancement de la prochaine formation. Comme d’habitude, la circulation dans Lomé n’est pas des plus confortable. Fenêtres fermées, tu dégoulines sous une lourde chaleur ; fenêtres ouvertes, tu étouffes par manque d’air pur. 

La voiture slalome tranquillement entre camions, motos, vendeurs ambulants et enfants. Je suis tranquille, Antoine s’en sort très bien, affichant une sérénité que je sais n’être qu’apparente. Avant tout, il doit éviter tout freinage brutal. Par avance, on sait que le contrôle technique du véhicule de derrière est inexistant. Les freins sont donc changés quand le conducteur a suffisamment de moyens financiers.

Ainsi, un feu vert passant au orange avance doucement vers nous. Sous une pluie de klaxonnes mécontents, Antoine ralenti calmement et s’arrête …  deux mètres après le feu rouge. Les klaxonnes, eux, déferlent de droite et de gauche ! « Mais qu’est-ce que c’est que ce Yovoh qui s’arrête aux feux rouges ? »
C’est alors qu’en plein milieu de ce carrefour, s’avance la chemise bleue d’un sauveur. A haute voix, je pense : « Ouf,  un policier ! Il va certainement nous aider et nous indiquer quand redémarrer ! 


-          Vous n’avez pas respecter le feux rouge ! Présentez-moi vos papiers !
-          Ha ? Et tous ceux qui passent malgré le feu rouge ? répond Antoine interloqué.
-          Présentez-moi vos papiers. Merci. Maintenant, les papiers du véhicule. Merci. Je reviens. Attendez-moi là. » réplique-t-il en enfourchant sa bécane !

Scotchés dans le fond de nos sièges, médusés par l’aplomb de cet homme, nous nous regardons et nous demandons si nous devons rire ou pleurer.
Récapitulons : Surtout, rester dans l’habitacle car étant donné la circulation, nous y sommes plus en sécurité. Nous n’avons plus les documents de la voiture et Antoine n’a plus de papiers. Ca, c’est malin.
Bon, hé bien attendons ! … Nous n’avons plus que ça à faire !

Un petit roupillon plus tard, la sieste est subitement interrompue par un coup de téléphone. C’est le Dr Kpegba, qui s’inquiète de notre retard au rendez-vous : « Nous y sommes presque, Prosper, mais un policier nous a arrêté et j’attends mes papiers. Ha, le voilà qui revient. Oui, je te le passe. »
Visiblement, l’homme en prend pour son grade. Nous observons le casque hocher de la tête, émettant des petits sons de soumission. Le vent a l’air de tourner en notre faveur. Muets, nous observons, des sourires émergeants aux coins de nos lèvres.
Penaud, l’homme rend le téléphone et l’ensemble des papiers : « Vous travaillez pour l’EEPT (Eglise Evangélique Presbytérienne du Togo), vous pouvez y aller. »
Ouf ! Antoine ne demande pas son reste et démarre prestement, le sourire du vainqueur au milieu de la tête! C’est incroyable comment le pouvoir passe d’une main à l’autre!


EPILOGUE :
Une heure plus tard et une réunion de plus à notre actif, nous repassons, en sens contraire. Aïe ! Au loin, nous apercevons le même policier, debout, à l’entrée du carrefour. Au milieu de la cacophonie, nous nous rapprochons. Et justement, le feu qui va passer au rouge !
Aïe, aïe, aïe ! Lui aussi nous a reconnu.

Et là, dans un geste ininterrompu, il se met à tourner de plus en plus vite son avant-bras, nous faisant signe de passer notre chemin, de ne surtout pas nous arrêter, … Parce qu’ici, décidément non, on ne s’arrête pas aux feux rouges !
Qui ose encore dire qu’on s’ennuie au Togo ?

Pour radio Togo
Cloclo







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