jeudi 22 août 2019

Mission Kativou


Nous voilà partis pour une « mission » dans le village de Kativou. Nous ne sommes pas des missionnaires, mais c’est le langage togolais.
Kativou est un centre de santé (CMS) soutenu par DM-échange et mission et qui se trouve perdu en brousse, à l’autre coin du Togo.

Clotilde avec Léa et Innocent

Nous avons plusieurs buts avec cette « mission » :
-S’entretenir avec l’aumônier, qui a reçu une formation au début d’année,
-Faire le suivi de la future installation photovoltaïque dont je suis le maître d’œuvre (hé,hé…j’ai pris du grade),
-Visiter un village qui a une manière simple, gratuite et efficace de faire des latrines. L’idée est de donner envie à d’autres de faire la même chose.


Malgré la distance qui nous sépare de Kativou, nous décidons de faire un détour par Lomé pour y ramener Léa, la sage-femme du CMS, qui a dû se déplacer à la grande ville. Nous « cheminerons » donc ensemble.
Après plusieurs heures de route, Léa s’écrie « AU REVOIR GOUDRON » et nous attaquons la piste, avec ses trous, ses bosses et ses sauts. Innocent, mon chauffeur-enseignant, fait de son mieux, car Léa est enceinte jusqu’aux oreilles. Il évite énormément de trous, mais on ne fait pas une autoroute avec de la terre ondulée et creusée par les eaux.

Une latrine

Sur place, nous sommes accueillis, comme souvent, sous l’arbre à palabres. Celui-ci est une sorte d’anacardier. Ça nous change des manguiers !
Comme il est malaisé de trouver de la nourriture pour les difficiles comme nous, cette fois, Clotilde a tout prévu. Nous sommes aussi équipés de frontales et d’une lampe solaire, car à partir de 17h, il n’y a plus d’électricité, la nouvelle installation photovoltaïque n’étant pas encore en service.
Ce n’est pas seulement le CMS qui manque d’électricité, mais aussi tous les villages voisins. C’est plus que rageant quand on voit une ligne électrique qui nous passe dessus pour alimenter le pays voisin, le Bénin, qui se trouve tout proche.

L’avantage, j’en ai quand même trouvé un, c’est que la pollution nocturne n’existe pas. La vue sur la voûte céleste est donc impeccable. Evidemment que cet avantage ne fera pas le beurre des populations.

Entrée femme et homme

Après une bonne nuit de sommeil, Léa et son futur bébé ont retrouvé la stabilité. Ouf !!

Nous voilà donc partis, à pied (moins de secousses), pour apprendre la fabrication de latrines. Innocent est particulièrement intéressé, car il veut en fabriquer pour sa famille.

Nous avons remarqué que partout des latrines sont offertes par l’ONG telle ou telle. Des latrines en brique, avec des portes et des trônes où l’on fait « caca » assis comme chez nous.
En gros, ces ONG montrent comment faire nos besoins à l’Européenne. Une fois que c’est terminé, elles y mettent une grande pancarte sur laquelle on voit : « L’ONG en question offre ces belles latrines au peuple togolais » !
Résultat, souvent, elles ne sont pas appropriées par la population et tombent à l’abandon.
Suffit de voir le soin que l’on a de nos toilettes publiques (qui ne nous appartiennent pas) par rapport à nos toilettes personnelles (qui elles, nous appartiennent).

La population a l’habitude, et c’est un sérieux problème, de déféquer en brousse.
Si les habitudes doivent évoluer, pour éviter les maladies, il faut que la population puisse s’approprier les choses, les idées. 

Explication du trou et des bois

C’est un peu comme si vous avez passé du temps à faire pousser des pommes de terre. Vous avez d’abord défriché, préparé la terre, planté, sarclé et enfin récolté. Vos pommes de terre sont précieuses, vous y avez passé du temps et quand vous les mangez, ce sont les meilleures, vous en êtes fiers !
Si un gros camion passe près de chez vous et vous jette un sac d’igname en vous disant que c’est bon pour vous, il y a peu de chance que vous vous l’appropriiez et ce n’est pas certain que vous allez manger tout ce qui se trouve dedans. Ça ne vous appartient pas !


Le principe paraît assez simple, il faut faire un trou de 2 m x 1,50 m et 2 m de profondeur. Ensuite le recouvrir de bois dur et de terre en y laissant juste un petit trou avec un couvercle.
Les papiers, ou autres feuilles pour s’essuyer doivent absolument être jetés dedans. On n’utilise pas d’eau, mais de la cendre. Ce sont des toilettes sèches.
A la sortie, il y a un système de bidon et de ficelle pour se laver les mains sans rien toucher.
Au bout de 2 à 3 ans, on refait un autre trou et le tour est joué !

Le système de lave-mains


Cela ne coûte rien, pas besoin de matériel spécifique, tout le monde peut le faire. Cela reste propre et hygiénique. Surtout, l’indépendance et la fierté de la population sont maintenues.
Clotilde à l’idée secrète de m’envoyer chez Innocent pour lui donner un coup de main à la fabrication de sa latrine.  Enfin…. C’est surtout moi qui vais apprendre à manipuler la houe et la machette !

Ensuite, si Innocent et les villageois trouvent cela pratique, ils auront un modèle et pourront parler entre eux pour la suite.

Pour radio Togo
Tonio

2 commentaires:

  1. Hello les amis,

    Avec les vacances, le travail de l'été qui est tout sauf du repos à côté des vacances, voilà que j'ai pris 6 semaines de retard. Je finis donc la séance de rattrapage.

    Merci encore pour toutes ces nouvelles, clins d'oeil, belles images de montagnes et de forêts, réflexions, moments de doutes, et j'en passe. Et bonne suite de votre séjour en vous souhaitant que cette centrale solaire va finir par ramener la lumière.

    Amitiés de Suisse,

    cécile et Pascal

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  2. Hello Antoine,

    Salutations à Léa et Innocent.
    Et bonne construction de latrines avec Innocent.
    Bientôt les latrines en bois à Verco :)

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