mercredi 14 novembre 2018

Désert social


Quels sont les domaines les plus importants de la vie ?
On pourrait dire : boire, manger, un toit pour se mettre à l'abri, la santé, un travail et ensuite....
Ensuite, il y a le côté social, les liens créés avec autrui : la famille, les amis, les copains du club, …

Or, nous avons délibérément choisi de nous parachuter au milieu du Togo. Nous avons volontairement quitté nos attaches, notre travail, notre statut social. Nous avons laissé nos acquis et nos certitudes.

Et maintenant ? 

Souvent, ce qu’on égare prend soudainement tant de valeur ! Les amis sont un trésor et rien ne peut les remplacer !

Nous sommes là, au milieu de ce vaste océan, grouillant de vie. Et nous regardons de tout côté, tentant de capter un regard ! Nous nous sentons seuls. Tous, nous essayons de nager, d'apprendre. Mais notre mémoire nous freine, elle nous ramène continuellement dans notre passé, notre vie dans ce petit village Suisse.

Nous souffrons tous les 5 de ce désert social.

La différence de niveau de vie est si importante !
Comment se faire des amis quand la personne face à vous ne mange qu’une fois par jour ? Quand elle n'a pas accès à l'eau ? Qu’elle ne peut pas mettre ses enfants à l'école ? Que peut-on partager ? 

Notre maison était ouverte mais nous nous sommes laissés envahir. Aucune agressivité, aucune méchanceté. Simplement des personnes qui ont vu une opportunité dans notre arrivée. Elles ont tenté leur chance.
De notre côté, naïvement, nous pensions tisser des échanges. Et nous sommes là, devant ces parcours de vie, nous sommes devant ces femmes et ces hommes. Nous devons nous protéger, apprendre à mettre une limite et surtout perdre la naïveté de croire que l'on nous approche que par amitié.


Des barbelés sur notre mur ! Ce n'est pourtant pas le gendre de la maison.


Je me souviens de cet homme, qui, après m'avoir rendu quelques menus services, s’est imposé à 6h30 du matin pour laver ma voiture, couper mon gazon, … et par la même occasion, recharger son portable.
Ce n'est pas un petit boulot qu'il cherche, il a un autre problème. Ses enfants se sont fait chasser de l'école, car les frais d’écolage n'ont pas pu être payés. Il en a les larmes aux yeux et cherche une solution, un mécène.
Nous avons souhaité l'aider, mais nous avons dû rebrousser chemin. 

Des histoires comme celle-ci, nous en avons à foison.

Pour les enfants, c’est également difficile. Leurs copains ou copines d’école s’expriment plutôt en éwé (leur langue maternelle). Ils n’ont jamais vu de légo ou d’autres jouets de construction. La slackline, toujours tendue dans notre jardin, attire beaucoup.



Sommes nous trop riche, pour que la porte doive rester fermée ?


Je commence à comprendre pourquoi on reste souvent dans les mêmes couches sociales et qu'il y a très peu d'échanges avec les autres niveaux de vie, même chez nous.

Je suis un homme blanc, donc riche, parmi des hommes noirs plus pauvres.
C'est écrit sur mon front et je ne peux pas l’effacer.

Pour avoir des amis, il nous faut absolument trouver des personnes qui ont assouvi leurs besoins primaires : boire, manger, un toit, la santé et les enfants à l'école.

Probablement, quand notre projet sera mieux déterminé, que nous pourrons travailler dans une direction donnée, pourrons-nous rencontrer ce genre de personne et pourquoi pas, avoir quelques amis togolais ?



3 jours de pause avec un peu de tristesse …… et vous savez quoi ??



Enfin, nous allons pouvoir parler de notre travail, il vient de prendre une nouvelle orientation. Nous sommes soulagés.
Après la pluie, le soleil !
Vive la Vie !!

Rendez-vous à jeudi prochain 😉

Gros becs les Z’AMIS !

3 commentaires:

  1. Je comprends un peu se sentiment même si je l'ai vécu dans un pays un peu moins pauvre. L'avoir compris est déjà un grand pas, peu à peu vous apprendrez à le gérer (sûrement plus vite que vos hôtes). Je continue à vous admirer et suis certain que vous vous en sortirez très bien et surtout encore grandis.
    Le meilleur pour vous...

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Enfin je t'ai reconnu ! Salut l'ami et merci pour ton mot. Becs Antoine

      Supprimer
  2. Je suis bien contente de découvrir votre blog. Ce que vous vivez m'intéresse beaucoup et je me réjouis dèjà de vous lire dans quelques jours.
    Gros becs

    RépondreSupprimer